Voyage vertical / voyage horizontal

Qu'il me semble loin le temps ou je travaillais à un papier synthétique sur trois textes de la rentrée de janvier, qui me semblaient aller dans une même direction.
Pour faire vite, je résume :
Il y a dans cette rentrée littéraire d'hiver trois romans que l'on pourrait regrouper sous l'étiquette Voyage vertical /horizontal. Trois textes qui tous répondent à l'injonction de Jack London d'obéir à ce qu'il nommait The call of the wild (abusivement traduit en français par l'appel de la foret par la première traductrice et qui a contribué à tenir London comme un auteur pour enfants pendant une grande partie du XXè siècle) et qui traduit par l'appel sauvage donne toute sa dimension (pour plus de précisions on peut se reporter à Le Bris).

Le premier roman est celui de Stéphane Audeguy Nous autres (Gallimard), le voyage vertical d'un homme à la recherche des traces de son père qu'il n'a pas connu Ses pas le porte au Kenya où il doit aller chercher le corps. Le texte entremêle la découverte du pays dans les traces du père à des chapitres très beaux sur la construction de la ligne de chemin de fer entre la côte et Nairobi la capitale. Chapitres racontés par "nous autres" les fantômes des disparus morts en construisant le grand œuvre ferroviaire.
Les deux autres textes sont l'œuvre de deux formidables arpenteurs de notre planète.Jean Rolin et Patrick Deville.
Le premier nous emporte aux quatre coins de la planète dans les pas d'une histoire de la présence des chiens. Le livre est très bien écrit, passionnant justement parce que ce sont des livres dont il ne faut rien attendre...juste se laisser surprendre. Se mettre à l'écoute de l'auteur qui est je le savais déjà un excellent journaliste.
Le deuxième est le roman de Patrick Deville Equatoria qui me semble être l'œuvre la plus réussie des trois. Texte morcelé entre journal de bord et tentative d'une biographie de l'explorateur Savorgnan de Brazza. Le roman nous plonge au coeur de l'Afrique équatoriale le long du fleuve Congo dans les pas de l'explorateur humaniste (le seul à ne pas avoir fait couler de sang noir). Le roman est très dense justement parce qu'il fait se superposer les deux époques, Afrique contemporaine et celle bien plus fantasmé et exotique d'il y a un peu plus d'un siècle ou en habile romancier Deville fait s'entrecroiser les destins des grandes figures de l'exploration (Speake, Livingstone, et Brazza bien sur ) mais aussi des figures plus familières (Céline, Conrad, Schweitzer...). Le fleuve Congo devient rapidement l'endroit où il faut être, le coin de la planète ou il se passe de grandes choses. Le roman est très vivant, passionnant parce que Deville fait preuve d'une grande culture.

Ensuite je comptais faire un petit quelque chose sur la différence entre le voyage verticlal et celui horizontal, l'introspection et la relation.

Mais tout cela était sans compter le premier grand choc de l'année
Le Journal volubile d'Enrique Vila-Matas
à paraître en mars chez Bourgois
et qui occupe à peu près tout l'espace disponible (et utile) dans mon cerveau.
J'enrage d'avoir eu à interrompre l'Odyssée barbare mais ce n'est que partie remise....





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