De Bassmann et de quelques autres (I)

Jusqu'à aujourd'hui et depuis son invention, Antoine Volodine s'assumait comme porte parole du collectif d'écrivains post-exotiques. Il était comme le surnarrateur de tout le mouvement. De sa plume sont nés des écrivains comme Maria Samarkande ou Jean Vlassenko (dans Vue sur l'ossuaire, Gallimard 1998), mais aussi Ingrid Vogel ou encore Maria Clementi, et Yasar Tarchalski que l'on retrouve dans d'autres romans. Bref toute une galaxie d'écrivains qui ont en commun de partager leur vie dans une prison aux confins de l'histoire (j'y reviendrais...), et que l'on retrouve présentés dans le roman Le post-exotisme en dix leçons, leçon onze (Gallimard, 1998).

Mais depuis ce printemps, les choses ont considérablement changées, un voile vient de se lever sur le monde post-exotique.
Manuela Draeger, Elli Kronauer, et Lutz Bassmann prennent une identité et une épaisseur toute nouvelle et depuis leur monde de quatre murs nous font parvenir leurs voix post-exotiques. C'est tout un continent qui apparaît sous nos yeux près de quinze textes viennent s'ajouter à la liste des œuvres de Volodine (presque une bibliothèque de Babel qui apparaît).

En fait, Volodine joue avec ses créatures de papier comme Pessoa avec ses hétéronymes, en les dotant d'une vie et d'une existence propre ( il n'y a qu'à voir leurs biographies). et C'est Lutz Bassmann qui est projeté sur le devant de la scène avec la parution de deux textes : Haïkus de prison et Avec les moines soldats
Volodine semble jouer en même temps sur deux univers le réel et le fictif, car les auteurs même s'ils ont publiés des livres n'en restent pas moins que des voix venues d'un monde imaginaire.
Le post-exotisme porte dans son essence cette dualité presque impossible, elle se veut une réelle littérature étrangère écrite en français au sein d'un monde imaginaire. Volodine a placé ses voix du post-exotisme en même temps dans la réalité (celle éditoriale notamment) et dans le monde fictionnel qu'il à crée à la démesure de ses personnages. Un nouveau tour de force qui vient renforcer sa colossale entreprise.
Tout le paradoxe du post-exotisme se tient dans cette présence/absence, celle des personnages/auteurs, mais aussi celle du monde lui même imaginé par Volodine peuplé de cauchemars, hanté par un chamanisme bolchévique situé après l'histoire ou les moines sont aussi des soldats...mais tout cela fera l'objet d'une autre note.

Enfin - pour faire un Bon mot - de qui Volodine est-il l'hétéronyme ?

Commentaires

  1. (justement je suis en train de me demander si je n'allais pas traduire Volodine en russe de ce qu'il a soit disant traduit... du russe! :o))

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