Des nouvelles de la prison

Antoine Volodine est mort...vive le post-exotisme.

Volodine aurait dit qu'il ne voulait plus rien publier sous son nom, mais utiliser seulement la galaxie des auteurs du post-exotiques (voir la bibliographie dans Le post-exotisme en dix leçons lecon onze, Gallimard , 1998).
A paraitre donc le 2 mai deux livres signés Lutz Bassmann chez Verdier dans la collection Chaoïd
un recueil d'entrevoûtes Avec les moines-soldats
et Haikus de prison
dont voici le début

L'organisation s'est constituée
on attend que les chefs surgissent
pour les haïr

L'odeur d'oignon
chevauche l'odeur d'urine
bientôt la soupe du soir

La nuit sans douceur
se glisse par la fenêtre
balafrée de stries verticales

A coté les cris se sont tus
enfin le violeur
s'est pendu

Sur le visage du boxeur fou
un nouveau tic est apparu
un assassinat se prépare

Torse nu je regarde la lune
on m'a volé
mon tricot de corps

On a transféré le bossu
il prétendait que sa paillasse
sentait le chameau

l'éphéméride ne maigrit pas
encore deux jours
avant la douche

Il y a là tout le l'univers de Volodine dans ces haikus qui sont me font penser aux nouvelles en trois lignes de Fénéon. Chargées d'onirisme et de cet humour désespéré si typique de Volodine.
La poésie retranchée dans les recoins de l'univers carcéral, mais poésie qui persiste en dépit de tout, pour dire l'indicible.
Pourtant, une histoire se dessine en filigrane, une révolte se prépare dans l'accablement et la désolation.


Commentaires

  1. De Fénéon :

    "C'est au cochonnet que l'apoplexie a terrassé M. André, 75 ans, de Levallois. Sa boule roulait encore qu'il n'était déjà plus."

    "Debout sur le seuil, la modiste Rudlot, de Malakoff, jasait avec son voisin. A coups de barre de fer, son sauvage mari la fit taire."

    Et quelques centaines d'autres, recueillies dans ses œuvres complètes.

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  2. "Vers la fin, la plus grande confusion se mit araignée"
    Antoine Volodine

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  3. J'étais hésitante face à l'aspect haïku, mais au final on oublierait presque cette forme inhabituelle, ça prend forme comme un roman. Avec la saveur de la poésie en plus. L'humour noir et grinçant de V. n'en ressort que mieux finalement. J'avais beaucoup aimé, ça m'avait happée.

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