Le principe de ce genre de boites et son intérêt réside dans le fait que l'on ne sait pas ce que l'on risque de découvrir, de trouver si on l'ouvre. Suspense Un monstre peut nous sauter au visage, une bombe H exploser dans le salon, ou la chambre ( tout dépend de quel type de lecteur vous êtes)
à ce propos Fresàn entame magistralement son recueil par ces phrases, je cite :
"il n'existe que deux catégories de lecteurs. Il y a ceux qui, au terme d'un récit, soupirent et se demandent : Pourquoi n'ai-je pas eu cette idée ? Et ceux qui préfèrent sourire en se disant Quelle chance que quelqu'un y ait pensé."
je ne veux pas dire par là que cela soit un corollaire au lieu de lecture, il doit pouvoir exister des lecteur envieux de chambre et d'autres de salon ou de salle de bain ou de chiottes
ceux là sont légions il est vrai ! Mais nombre d'entre eux ne sont pas des envieux.
Mais revenons à notre boite et aux risques que l'on encours à l'ouvrir
il faut rester sérieux, après tout ce n'est qu'un livre.
La vitesse des choses est un recueil de nouvelles et c'est aussi une caisse à outils.D'ailleurs les choses outils nouvelles contenues sont extrêmement variables et changent à chaque nouvelle publication. Depuis dix ans Fresàn bouleverse pour chaque édition l'ordre et parfois même le contenu du recueil. La boite est-elle vivante ?
Une boite à outils donc et à la lecture du sommaire des quatorze textes, certains d'entre eux ont des titres plutôt alléchants pour qui cherche à percer les arcanes de l'écriture :
jeune poète ou autre romancier qui se cherche une voix
au fond pourquoi pas aller chercher dans une boite à outils les instruments qui vont me permettre de mieux écrire de me perfectionner
non mon gars ce serait trop facile, Rodrigo Fresàn n'est pas professeur de creative writing. Détourne toi de ce livre si tu cherche des recettes pour écrire de bonnes nouvelles. En revanche il sait écrire de sacrées bonnes nouvelles, renouvelant à chaque fois sa matière et sa forme, toujours pleines de cruauté et de style. Ah ça oui !
-Notes pour une théorie du lecteur
-Notes pour une théorie de l'écrivain
-Notes pour une théorie de la nouvelle
-Digressions sur la vocation littéraire
Autant de titres prometteurs et qui pourtant n'ont d'autres vertus que de nous raconter des histoires, des histoires à la Fresàn, empreintes d'un lyrisme hybride et halluciné, baroques à souhait. Chaque nouvelle part d'une phrase Mon père brille dans le noir, d'une affirmation Benjanin Federov est mort, d'une situation et se développent presque organiquement (là encore il y a du vivant dans cette boite) obéissant à ses propres lois internes (on retrouve ici notre bon vieux Hall 9000). Petit à petit on se retrouve au cœur du labyrinthe incapable de trouver la sortie mais on ne veut plus en sortir et puis il n'y a peut être pas de sortie un labyrinthe fait d'histoires, de littérature (dans sa préface Vila-Matas parle du livre comme étant "basiquement une écriture"), parce que la littérature selon Fresàn c'est tout simplement cela : un mélange jubilatoire de théorie et de fiction, une matière textuelle continue et vivante. Bref une boite à outils vivante qui aurait pour fonction de raconter.
Un peu comme la machine enfermée dans le musée du roman de l'éternelle, la machine de Macédonio dont parle Piglia.
Vila-Matas parle "d'irréalisme magique" pour décrire le projet de La vitesse des choses , et c'est bien là que réside la révolution Fresàn.
Pour terminer, je dirais que je pense faire partie de la seconde catégorie de lecteurs, ceux qui disent Quelle chance que quelqu'un y ait pensé, et pour nous Fresàn est une bénédiction de tous les instants.
Ici, tout est passerelles - alors pourquoi
RépondreSupprimer" ruines " ? - et jamais on ne tourne en rond - alors pourquoi " circulaires " ?...
Que des belles pages !
Cordialement, et meilleurs voeux 2009...
Au fait, je me suis permis de " lier " vos pages aux miennes.
Je me suis vraiment régalé avec ce livre, moins "narratif" que Mantra (que j'avais déjà adoré), bien plus ambitieux.
RépondreSupprimerC'est très joli les couleurs, ça rappelle "La Dissolution" de Jacques Roubaud (Ed. NOUS)
C'est en effet l'idée...mais avec beaucoup moins de talent. "La dissolution" est une étape importante dans le projet de Roubaud et c'est un livre magnifique. Pour ceux qui n'oseraient pas s'y plonger il leur reste "Tokyo infra-ordinaire" (chez Inventaire/Invention)où il manie aussi les incises et les bifurcations en couleurs.
RépondreSupprimerJe ne désespère pas de faire un jour un texte sur Roubaud.
Toujours présent ce Kubrick...
RépondreSupprimerJe n'ai découvert Fresan que récemment, en lisant le dossier qui lui était consacré dans Le Matricule des Anges.
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